samedi 7 mars 2009

Livre du jour #7

‘Evokes the voice of J.D. Salinger’s The Catcher in the Rye, the perversion of J.G. Ballards’ Crash and the feminist agenda of Germaine Greer’s The Female Eunuch’.

Combien de fois vais-je me faire avoir par une allusion à Salinger en quatrième de couverture? Seul l’avenir nous le dira…Pourtant cette fois ci, j’étais tout aussi alléchée par les mots : féministe et eunuque. Il m’en faut pas beaucoup tu dis ? Eh bien, j’ai pris en main et reposé le livre sur la pile une bonne dizaine de fois avant de lire la phrase liminaire qui a achevé de me convaincre :

« As far back as I can remember, I’ve had hemorrhoids. »

Alors tu vois, je tiens à te le dire, j’ai jamais eu d’hémorroïdes mais je me suis dit « ah ouais, intéressant ». Et quelques tours de carte bancaire plus tard, j’étais chez moi en train de dévorer ce livre. Ouais franchement, deux jours c’est le maximum qu’on puisse durer tellement c’est captivant. Qui aurait cru que lire les aventures post ablation des hémorroïdes d’une catin de 18 ans me fascinerait autant ? Qui aurait pu dire encore que sa façon de contourner l’industrie américaine du tampon en s’enfilant du papier toilette là où il faut m’aurait fait gentiment sourire? Qui aurait cru encore qu’on pouvait faire des choses aussi intéressantes avec des avocats ? La seule raison pour laquelle ce livre ne te dégoutera pas avant la fin, cher ami puritain, est la qualité de l’écriture. En effet, c’est malin, pointu et vraiment moderne. La seule chose que je sache sur la version française c’est qu’ils en ont parlé dans Elle. Je trouve le fait que mes lectures coïncident avec la rubrique littérature d’Elle assez rare et comique pour en parler. La version originale est en allemand, mais la traduction anglaise est tout à fait respectable. Je vous en donne un petit bout, plutôt soft mais vu qu’un dieu non existant y est invoqué, moi je dis pourquoi pas :

« He’s brought a contract that I’m supposed to sign. It says the operation could result in incontinence. I ask how it could affect my pissing. He grins and says this refers to anal incontinence. Never heard of it. But suddenly I realize what this means: “You mean I might lose control of my sphincter muscles and then I could just crap myself anytime and anyplace and would need a diaper and stink all the time?”
The sandman: “Yes, but that rarely happens. Sign here, please.”
I sign it. What else am I supposed to do ? If that’s what it takes to have the surgery. I can’t exactly go home and operate on myself. Oh man. Please, dear nonexistent God, don’t let this happen. I’d be wearing a diaper at age eighteen. You’re not supposed to need those until you’re eighty. It would also mean I’d only have managed to live fourteen years of my life without diapers. And you certainly don’t look cool in them. “Dear anesthesiologist, would it be possible for me to see what they cut away during the operation? I don’t like the idea that a part of me could end up in the trash along with aborted fetuses and appendixes without my being able to picture it. I want to hold it in my hand and examine it.” “If that’s what you want, then sure.” “Thanks.” He sticks a catheter into my arm and secures everything with a surgical tape. This is where they’ll pump in the anesthesia later. He says in a few minutes a nurse will come to take me to surgery. Now the anesthesiologist too leaves me lying in the puddle of moisture from my blister and walks out. The thought of anal incontinence worries me. Dear nonexistent God, if I manage to get out of here without anal incontinence, I’ll stop doing all the things that give me a bad conscience. Like the game I play with my friend Corinna where we run through the city drunk and grab people’s eyeglasses, break them, and then chuck them into the street. We have to run quickly_some people get so pissed off that they come after us really fast even without their glasses. The game is stupid anyway because we always sober up from all the excitement and adrenaline. Big waste of money. Afterward we always have to start from scratch again getting drunk. Actually, I’d like to give that game up anyway_sometimes at night I dream of the faces of the people whose glasses we’ve just plucked off. It’s as if we’ve ripped a body part. I’ll give that one up right now, and I’ll try to come up with a list of some other things. Maybe if it’s absolutely necessary I’ll give up the hookers. That would be a major sacrifice, though. It would be great if giving up the glasses game would suffice."

Il faut savoir que des gens se sont évanouis lors de la première lecture publique de ce livre, comme si le fait de faire des commentaires en dessous de l’élastique de la culotte était réservé à ces porcs qu’on appelle hommes. Les mémères qui croient qu’elles révolutionnent encore quelque chose avec leur monologue du vagin, pourraient bien arrêter d’être chattriloque (ventriloque de la chatte, eh oui bébé). J’exècre le fait que de nos jours, les misogynes se bousculent avec les machos pour faire une ode à la connerie mais je n’irais pas jusqu’à dire que ce livre est un chant d’honneur au féminisme. Je me demande bien pourquoi dès qu’une femme brise des tabous de quelque genre que ce soit, on lui colle cette étiquette assez peu glorieuse de chienne de garde ou de gouine de féministe. Y’a rien de plus dommage. Mais au fond, c’est vrai ce livre est écrit par une féministe, et je dirais même plus (Dupond/dupont) : d’une humaniste. Je vous quitte sur un lol et vous déconseille tout de même la lecture de cet opus si vous avez encore un problème avec le fait que OUI, même les filles fassent caca parfois.

1 commentaire:

théo a dit…

hahaha très bien écrit cet article!

Ca m'a fait rire/donné envie de lire le bouquin.

(par contre je te crois pas que les filles font caca)