mardi 29 juillet 2008

Livre du jour #4

La vitesse à laquelle on lit un livre n'est pas toujours évocatrice de l'avis que l'on s'en fait. Je n'ai jamais pu savourer un livre dont la lecture m'était imposée (car il est à mon programme ou autre). Le fait de savoir que mon libre-arbitre est mené à mal ne fait pas de moi une Will Hunting en puissance, bien au contraire. Lire à contre-cœur c'est comme se forcer à manger un légume qu'on n'aime pas, de peur de décevoir notre hôte: ça donne envie de vomir ou de tuer des chèvres.
Cependant, j'ai lu le livre du jour très lentement, pas parce que je trouvais ça mauvais, mais plutôt parce que je trouvais ça si délicieux que je ne pouvais pas me résoudre à le finir trop vite. Vous savez, c'est comme cette habitude débile qu'on a souvent, lorsqu'on est conscient de passer un bon moment qui ne va pas durer. On ne pense qu'à la finitude de ce moment en oubliant son côté agréable. Eh bien, c'est un peu cette haine de la finitude qui m'a accompagnée en lisant No One Belongs Here More Than You , le recueil de nouvelles de Miranda July. D'ailleurs, à l'heure où je vous parle, je ne l'ai pas vraiment fini, j'ai laissé la dernière nouvelle de côté, pour plus tard, histoire de me dire qu'il m'en reste encore un peu en cas de famine intellectuelle.
Pour parler plus en détails du recueil, je dirai qu'il est important de préciser à quel point Miranda a un style narratif très très personnel. Tout est écrit à la première personne et quand elle te raconte quelque chose, tu l'écoutes et tu ne fais rien d'autre. Elle a l'art de rendre la dépression hilarante, de rendre la routine érotique, de rendre un détail crucial. Je partage son amour de l'étrange et du dérangeant et elle en a fait quelque chose de "ridiculement" attirant, comme un chewing-gum bi-goût. Plutôt que de continuer à balancer des phrases élogieuses mais vides de sens et d'intérêt afin de qualifier le génie de Miranda July, je peux aussi vous proposer une comparaison foireuse. Pour moi, ce recueil, ça serait une version réussie de Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, d'Anna Gavalda. Je vais même aller jusqu'à dire que ça serait une version qui ne sentirait pas le sapin. N'en déplaise aux lecteurs d'Anna Gavalda (dont j'ai fait partie, je l'avoue, sinon je ne me permettrais pas la comparaison).
Bon maintenant que je me suis attirée les foudres des lectrices d'Anna, je peux m'attirer celles de nos lecteurs non-anglophones en copiant ici quelques extraits du recueil:
"It still counts, even though it happened when he was unconscious. It counts doubly because the conscious mind often makes mistakes, falls for the wrong person. But down there in the well, where there is no light and only thousand-year-old water, a man has no reason to make mistakes. God says do it and you do it. Love her and it is so. He is my neighbour. He is of Korean descent. His name is Vincent Chang. He doesn't do hapkido. When you say the word "Korean", some people automatically think of Jackie Chan's South Korean hapkido instructor, Grandmaster Kim Jin Pal; I think of Vincent."

The Shared Patio.
“We met twice a week in my apartment. When they arrived, I had three bowls of warm tap water lined up on the floor, and then a forth bowl in front of those, the coach´s bowl. I added salt to the water because it´s supposed to be healthy to snort warm salt water, and I figured they would be snorting accidentally. I showed them how to put their noses and mouths in the water and how to take a breath to the side. Then we added the legs, and then the arms. I admitted these were not perfect conditions for learning to swim, but, I pointed out, this was how Olympic swimmers trained when there wasn´t a pool nearby. Yes, yes, yes, this was a lie but, we needed it because we were four people lying on the kitchen floor, kicking it loudly as if angry, as if furious, as if disappointed or frustrated and not afraid to show it”.

The Swim Team

Alors bien sûr, je ne suis pas objective et si jamais il vous tombait sous la main un exemplaire du livre et que vous osiez vous risquer à me donner votre avis sur la question, je serais contente de le connaître.
Si vous êtes curieux de mieux connaître l'œuvre de Miranda mais que faire l'acquisition de son livre ne fait pas partie de vos priorités en terme de budget, vous pouvez toujours regarder le site qu'elle a fait pour en faire la promotion et vous comprendrez, certainement mieux qu'à travers cette note décousue, de quoi j'essaye de vous parler.

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